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Les transports en Ile-de-France

  • Alix Ardore
  • 18 mai 2023
  • 4 min de lecture

Le déplacement, constante essentielle chez les civilisations humaines, organise les communautés, permet le commerce et développe les sociétés. Au fil des siècles, nos villes n’ont cessé de s’étendre, bouleversant les modes et habitudes quotidiennes de déplacement. Les modes de transport ; des bicyclettes aux avions, sont en constante évolution ; s’adaptant aux évolutions techniques, à nos habitudes de déplacement, et demain, à leurs répercussions écologiques. Le secteur représente à lui seul 29 % des émissions de gaz à effet de serre françaises ; c’est le seul dont les émissions ont augmenté de 10% depuis 1990. Pour répondre à ses engagements européens de réduction de 55% de ses émissions d’ici 2030, la France ne peut se passer d’une politique de transports de rupture. Comment tenir nos objectifs de lutte contre le changement climatique tout en répondant aux besoins de transport du XXIe siècle ? Dans son rapport Infrastructures de transport : vers le futur et le durable, l’Institut Montaigne mobilise cinq grands leviers.


Repenser la multimodalité des grandes aires urbaines

Cette dernière décennie la France a investi 90 milliards d’euros dans les transports en commun. Cependant, ces politiques de subventions des transports collectifs se sont essentiellement concentrées dans les centres-villes, là où les enjeux étaient les plus faibles, ne représentant que 1 % des émissions de GES. Se contenter de restreindre l’accès aux voiries aux voitures polluantes n’a fait que repousser la pollution à l’extérieur des murs de la ville. Il est donc logique que la part des véhicules particuliers stagne continuant de représenter 81 % des transports. Cette stabilité est causée par un étalement urbain qui a renforcé l’absence de maillage des territoires périurbains. Les recommandations de l’Institut sont les suivantes :

· Développer des offres intermodales entre les transports collectifs « lourds » (Transilien, métro, tramway) et routiers (bus et cars) et les modes « doux » (vélo) et partagés (autopartage, covoiturage)

· Développement de l’intermodalité des gares avec des parkings relais, des parkings à vélo et densifier les offres de bus autour des gares périurbaines

· Développement des réseaux express régionaux (RER) et renforcement de la mise en place de Bus et de cars express régionaux pour les liaisons banlieues-centre ou inter-périphériques

· Accélérer le développement d’infrastructures en faveur du vélo pour atteindre l’objectif européen d’une part modale de 10% des déplacements de moins de 80 km

· Élargir l’actuel chèque mobilité pour renforcer l’attractivité des transports en commun aux usagers les plus défavorisés

· Développer le covoiturage et accroitre les taux de remplissage pour une utilisation plus efficace des véhicules


Décarboner les transports à l’extérieur des grandes aires urbaines

Le transport de marchandises par les poids lourds représente près de 25 % des émissions de GES des transports. Pour réduire les émissions de ce secteur, il semble fondamental :

· D’adapter et de moderniser le réseau ferroviaire pour le frêt par exemple avec les eurocombis (trains routiers de 25,25 mètres de long, qui permettent un gain de consommation important17)

· D’électrifier et développer l’hydrogène pour le parc de poids lourds d’ici 2030


Des solutions techniques

Le progrès technologique pourrait permettre de réaliser environ 50 % des objectifs de réduction des émissions de GES à l’horizon 2050 :

· Électrification des véhicules particuliers - représentant 76 % des émissions du transport routier

· Électrification des nouvelles offres de transport collectif en banlieues

· Développement d’un réseau de bornes de recharges pour soutenir cette électrification


Repenser le financement

La TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) n’est pas suffisante face aux investissements conséquents des années à venir. Il convient, au contraire, de développer de nouveaux outils incitatifs, pour une contribution plus forte et plus directe des usagers au financement des transports.

· Une taxe locale de financement des transports pourrait être mise en place pour tous les véhicules motorisés jusqu’à 12 tonnes. Pour prendre en compte les enjeux d’équité sociale, elle serait plus faible en milieu rural, et ajustée avec un tarif progressif prenant en compte des critères sociaux.

· Concernant les poids lourds, la même logique s’appliquerait pour les employeurs. Le plafond du versement mobilité pourrait être ajusté en fonction du ratio de recettes sur dépenses des transports urbains


Réformer les gouvernances

Indispensable à une mobilité décarbonée hors des villes-centres, l’intermodalité est impossible à organiser dans le cadre institutionnel français. La question de la gouvernance de la mobilité est cependant déterminante, que ce soit pour le développement, la mise en œuvre des incitations au bon niveau ou la mobilisation de nouvelles sources de financement. Le manque de coordination entre les acteurs de la mobilité a été mis en exergue par les récents débats sur le coût des transports franciliens. Pour clarifier le partage de la responsabilité entre la région ou l’État, il est nécessaire de :

· Doter les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) des moyens pour une politique de transport autonome. Agissant comme acteur tierce, ils pourraient agir comme intermédiaire indépendant, et diminuer les tensions découlant de l’éclatement des responsabilités en matière de transport.

· Transfert de l’organisation des services ferroviaires métropolitains aux autorités organisatrices de la mobilité (AOM), et conférer aux métropoles les compétences d’urbanisme afin de mieux coordonner planification urbaine et transports.



Au-delà des grands choix d’investissements et de leur financement, l’acceptabilité de ces changements constitue le principal enjeu et la principale difficulté des futures politiques publiques de lutte contre le changement climatique. L’évolution des besoins de mobilité, l’explosion des congestions dues au déficit de transports publics dans les périphéries de nos villes, et la nécessité de développer de nouvelles technologies sont les défis auxquels les transports métropolitains doivent se confronter. Il s’agit de réécrire un nouveau narratif, de donner de la visibilité sur les évolutions à venir, tout en assumant un part d’incertitude : la lutte contre le changement climatique impose des ruptures qui nous propulsent dans l’inconnu.




 
 
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