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CNR Logement : quelles limites ?

  • Photo du rédacteur: Sylvain Bogeat
    Sylvain Bogeat
  • 12 juin 2023
  • 4 min de lecture

La restitution du CNR Logement, ce lundi 5 juin, a suscité des débats intenses et a révélé des lignes de fractures multiples. Elle interroge, tant en termes de méthodes, de rôle de l’Etat, et de propositions concrètes à apporter.


Le principal consensus, c’est que le logement a un impact profond sur les inégalités, le climat et le territoire. Le logement, en tant que creuset d’inégalités, reflète les disparités économiques et sociales qui traversent notre société. Il s’est rajouté à cette toile de fond, un élément qui a pris consistance depuis la fondation du CNR : une crise du logement qui a pris une ampleur retentissante au cours des derniers mois. Pour autant, les réponses à apporter à ces enjeux structurels et à ces soubresauts conjoncturels sont loin d’avoir suscité l’unanimité.

C’est l’occasion de se poser des questions de méthode et de tempérer les attentes que les différents acteurs de l’écosystème peuvent avoir les uns vis-à-vis des autres. La politique employée par le CNR Logement pour rassembler les différentes parties prenantes et encourager la collaboration entre elles est un aspect éminemment positif.


Cette nouvelle instance, aux contours flous, aurait évidemment gagné à partager une feuille de route plus claire dès le départ. S’agit-il d’un cénacle visant à identifier un nombre limité d’objets politiques visant à révolutionner les politiques publiques? Est-ce une boîte à outils destinée à fournir des solutions pratico-pratiques ? La pérennité du CNR Logement est également une interrogation qui est trop longtemps restée sans réponse : exercice ponctuel? Instance de dialogue permanente? A force de vouloir plaire à chacun, on risque de décevoir le plus grand nombre. La méthode a sa part de responsabilité dans la réception des propositions et dans l’animosité perçue les jours derniers. Chacun souhaitant tirer la couverture à lui après plusieurs mois de participation à cette instance, l’impossible synthèse a évidemment généré son lot de déceptions. La ligne est posée, Elisabeth Borne ayant affirmé que celui-ci prolongerait ses travaux au-delà de cette conclusion intermédiaire.


La restitution du CNR Logement pose aussi en creux la question des limites de l’intervention de l’État dans la résolution des problèmes du logement. Les défis auxquels nous sommes confrontés, tels que l’accès au logement, la transition vers un urbanisme durable et la cohésion territoriale, nécessitent une approche globale et une collaboration étroite entre les différents acteurs publics et privés. Pour garantir des résultats concrets et durables, il est essentiel de disposer d’une vision stratégique claire. Quelle place l’État doit-il occuper dans la résolution des problèmes du logement ? Quels sont les objectifs à atteindre et quels impacts concrets attend-on sur les différentes phases du parcours résidentiel des Français ? Il faut évidemment remettre l’église au centre du village : tous les efforts ne peuvent pas venir de la sphère publique en matière d’innovation et de financement de la rénovation et de l’accroissement du parc de logement. Le secteur privé a un rôle essentiel à jouer dans la recherche de solutions efficaces et durables. C’est également à nous, acteurs et décideurs du secteur immobilier et de la construction de collaborer activement pour trouver des solutions concrètes. A la charge de l’Etat de poser le cadre normatif permettant de décarboner et d’innover. A la charge de l’Etat de financer les besoins sociaux et les investissements de rupture. A la charge de l’Etat de mettre en place le cadre institutionnel permettant de garantir à chacune et à chacun un parcours résidentiel harmonieux et de favoriser la construction de la ville de demain.


Bien que la méthode utilisée ait présenté quelques lacunes, elle a également permis d’annoncer des idées intéressantes pour aborder les enjeux complexes du logement. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Certes, les réponses apportées ne semblent pas encore à la hauteur d’une refondation. Il y a beaucoup d’attentes concernant les annonces plus détaillées de la part de l’Etat pour résoudre la crise du logement que nous connaissons sur le court-terme. Il est tout aussi primordial pour l’Etat stratège de réfléchir de manière systémique si l’on souhaite refonder le logement. Les groupes de travail ont porté de nombreuses pistes de réflexion audacieuses. Il faut les exploiter. Il faut que l’on ose, au plus haut niveau, avoir une action audacieuse. Posons nous les questions qui fâchent et osons y apporter des réponses audacieuses! Comment fluidifier et accélérer l’obtention des permis de construire? Pourquoi les communes ne veulent-elles plus construire? Pourquoi la construction est-elle aussi coûteuse et artisanale? Comment trouver une troisième voie entre la propriété et la location? Que fait-on du patrimoine de l’Etat et des acteurs parapublics? Pourquoi continue-t-on à empiler des normes qui vont à l’encontre des objectifs de transition environnementale et de logement abordable? Pourquoi a t-on une si mauvaise expérience du logement social?


La collaboration entre les acteurs de l’immobilier est essentielle pour relever les défis complexes du logement de manière efficace et coordonnée. Il est temps de passer à l’action, de poursuivre le dialogue et de trouver des solutions concrètes pour résoudre cette crise du logement de manière plus équitable, durable et inclusive.




 
 
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